Le système Séré de Rivières

Après la défaite de 1871, les régions de l'Est se retrouvèrent sans frontière naturelle. En effet la perte du Rhin offre tout l'Est de la France aux convoitises des Prussiens. Dès 1872 sous la menace d'une guerre qui semble de nouveau proche, fut décidé la construction d'un front fortifié. Début 1874 le ministre de la guerre constatant des retards dans la réorganisation de la défense des frontières nomma au poste de directeur du génie le général Séré de Rivières. Le général put mettre en oeuvre ses théories et fut le promoteur d'une nouvelle disposition des ouvrages de défenses qui prit le nom de "Système Séré de Rivières". Son oeuvre s'édifia lentement et ne sera soumis aux armes que quarante ans plus tard. Pendant ce long délai, il a évolué pour s'adapter aux modifications qui interviennent tant dans l'armement que dans l'organisation des armées.

La défaite de 1871 permis une remise en cause totale de notre doctrine militaire et surtout, on concéda enfin à abandonner le système de fortification bastionnée. L'analyse faite, suite aux différentes erreurs stratégiques nous ayant conduits dans cette suite de désastre, nous permet d'en déduire quelques nouveaux principes très intéressants que je vous résume ci-après.

• Il faut avant tout interdire l'utilisation des communications par l'ennemi, principalement les voies de chemin de fer, en installant des forts d'arrêts sur ces axes.
• Il faut créer de grande place de manoeuvre ou camp retranché, ceinturée de forts détachés positionnés à distance suffisante pour que la place soit à l'abri des bombardements.
• Ces grands camp retranchés pourront permettre à une armée en retraite de se réorganiser et grâce à ses ressources de rassembler assez de force, puis de passer à l'offensive.

Suite aux progrès de l'artillerie (âme rayée), comme l'a confirmée la guerre de 1870, nos places fortes sont devenues de véritables pièges pour une armée se retrouvant à l'intérieure. Grâce à l'accroissement des portées des canons, le coeur de la place n'est plus à l'abri des bombardements.
Séré de Rivières, homme de terrain, ayant suivi les progrès de l'artillerie et le développement des nouveaux moyens de communications est convaincu que les fortifications doivent être traitées d'une nouvelle façon.

Depuis Vauban et son système défensif constitué de citadelles aux tracés bastionnés élevées aux quatre coins de son "Pré carré" au XVIIe siècles, rien n'a vraiment évolué en France.
S'inspirant du Marquis de Montalembert le général Séré de Rivières mit au point une défense et une stratégie en rupture avec ses contemporains.
Il propose de combler les espaces entre les citadelles par des rideaux défensifs constitués de forts détachés s'appuyant mutuellement, tout en créant des trouées destinées à attirer l'ennemi pour pouvoir le prendre en tenaille, puis grâce à ces axes libérés, faciliter la contre offensive.
Ces forts utiliseront le tracé polygonale simplifié, abandonnant le tracé bastionné, comme l'avait déjà proposé Montalembert un siècle plutôt !!
Envie d'en savoir plus ...

Extrait de l'exposé du système défensif de la France concernant la fortification des Alpes et plus particulièrement de la Savoie. (général Séré de Rivières)

"... S'il est une contrée ou l'emploie de la fortification permanente soit clairement indiqué, c'est bien cette partie de la Savoie.
Les montagnes qui encadrent le cours de l'Isère sont de formation calcaire; leur faîte est escarpée, le roc se montre presque partout à nu; il n'y a de routes carrossables que dans la vallée; la nature du terrain ne permet pas, d'ailleurs, d'en improviser.
Enfin les débouchés des vallées sont partout formés par de véritable étranglements aussi faciles à défendre que difficiles à forcer.
Dans ces conditions, pourquoi confierait-on à des forces d'actives, qui seront bien plus utiles ailleurs, le soin de barrer les débouchés de la Tarentaise et de la Maurienne, alors que l'on peut obtenir ce résultat au moyen d'ouvrages permanents."

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État de l'artillerie au moment de la construction des forts de la Place d'Albertville.